J’étais là quand elle a vu le jour, la maman Duchessa voulait que j’y assistasse. Donc je les ai vu sortir un par un.
Quel spectacle, quel honneur !
J’ai été aussi la babysitter. Quand elle me voyait allongée sur le divan pour la sieste, la maman les prenait un par un et les mettait devant moi, puis elle s’allongeait à l’autre bout pour se reposer.
Quel honneur, quelle confiance !
Chacun a sa spécialité, ses drôles d’habitude. Elle, ma Pelosona, aimait bien la chaleur de mon cou, je crois, et même en grandissant, elle continuait à chercher mon cou.
Mais c’est la seule aussi qui aimait bien me tenir compagnie en voiture. A peine j’ouvre la portière en partant, ou bien elle attendait mon retour devant le portail, elle montait et on faisait un bout de chemin ensemble.
Elle était toujours la solitaire. Elle passait plus de temps dehors que dans la maison. Je me ronge les ongles maintenant, puisque depuis que je n’ai plus de voiture, je l’ai perdu un peu de vue, je n’ai pas vraiment fait attention à ses changements. Et surtout elle m’a trop habituée à ne pas la voir rentrer pour quelques jours.
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Il y a à peu près deux mois, elle s’absentait pour presque une semaine. Mais je ne pouvais pas aller chercher loin, dans cette nature qui nous entoure. Et quand elle rentrait, elle était très très maigre et respirait très mal. Je voulais la porter chez le vétérinaire et l’y laisser même pour le week-end pour être tranquille, car je devais m’absenter. Mais quand elle me demandait de sortir – j’ai pensé pour aller faire ses besoins – je l’ai laissé. Et elle ne revenait pas. Et pas de Pelosona à mon retour du week-end, ni les jours suivants, alors qu’il pleuvait fort pendant toute une semaine. Je m’en voulais vraiment. Puis un soir, on miaulait à la porte et on a fait la fête car c’était elle.
Le lendemain matin, tout de suite direction vétérinaire, qui nous envoyait directement à une Clinique pour faire des examens plus approfondis. Et le verdict : ou on passe au chimio ou la solution palliative avec les cortisones et que si jamais ce ne sera plus le cas, eh bien… prendre la décision de lui donner un coup de pouce pour partir. J’ai opté pour la deuxième d’ailleurs, car c’est ce que je voudrais bien aussi qu’on me fasse si jamais ça m’arriverait. J’ai toujours dit, allégez seulement ma douleur et laissez la nature faire son propre chemin sans m’envahir avec ces tortures modernes. Tout en espérant qu’elle partira toute seule sans devoir recourir à ce coup de pouce… Non, je savais que je ne le ferai pas, je n’aurai pas le courage.
Ainsi on a passé des journées à nous combattre avec les médicaments, que j’ai laissé tombé après quelques jours puisque si elle ne mange pas bien, pourquoi la torturer et la bluffer pour les faire prendre.
Et voilà qu’au bout d’une vingtaine de jours, elle s’en est allée. Elle a fait la dernière ligne droite dans la sérénité. Pour plus d’une heure, je l’ai accompagnée avec ma voix, mes caresses, mes larmes jusqu’à son dernier râle… quelle douleur !
A un moment, elle avait encore la force d’enfouir sa tête au creux de mon bras et sortir les ongles de sa patte qui était sur ce même bras. Un merci. Un adieu. Le dernier câlin. L’ultime message à sa manière.
Enveloppée dans mon “lambaoany”, elle redeviendra terre sous la terre de mon jardin.
Que de traces de papattes sur mon coeur… Merci, adorable Pelosona !